9 juin 2013

Foramen ad obstruendum

Un long billet est en préparation, mais je manque de temps pour le taper et le compléter. Aussi, pour faire patienter mes lecteurs les plus assidus (je ne sais même pas pourquoi je mets un pluriel ici (ah, mon ego me glisse à l'oreille que c'est un amendement de sa part)), voici une petite curiosité tirée des archives que j'inventorie en ce moment. Je n'ai pas de date précise, mais l'écriture est indubitablement du XVIIIe siècle. Voici le texte.

Depuis l'ofre que je fils le 23 de juliet dernié à Mr le mère, j'ofre pasant isy de rependre le cadran de l'orloge à l'uille et an oultre de faire une montre solaire à l'androy quy me sera endiqué par la coumunoté, auqel androy l'on fera faire par un mason l'estage et anduire et alisé l'androy à la gaz, et la despanse que je demande de quatre jours je m'an dépar et sera sur mon conte.

Ce document est intéressant, parce que c'est une des rares pièces dont on dispose qui n'ait pas été écrite par un membre de la classe supérieure, c'est à dire ayant reçu une éducation en bonne et due forme : c'est un simple artisan. Et cela permet de faire quelques remarques sur l'orthographe de la classe moyenne dans le sud-est. En effet, bien que le texte soit strictement en français, et que ce puisse tout à fait être la langue maternelle de l'auteur, étant donnée l'absence de faute de langue grossière, l'orthographe est empreinte d'occitanismes.
On remarquera en premier lieu le fait que le /s/ sourd est écrit avec un <s> simple, comme dans pasant au lieu de passant. En second lieu, l'orthographe trahit quelques prononciations méridionales. L'occitan a souvent un son /ou/ à la place des /o/ fermés du français, et notre scripteur l'a laissé échapper dans coumunoté. Par ailleurs, la forme juliet est indubitablement issue de l'occitan julhet qui se prononce à peu près /djulyèt/. Enfin, beaucoup plus marquante est la question des nasales. En effet, faisant totalement fi des habitudes du français, le scripteur écrit systématiquement <an> pour le son /an/ et <en> pour le son /in/ (rependre pour repeindre et endiqué pour indiqué) : c'est là le standard adopté par l'occitan, où le digraphe <in> se prononce /ine/.
Voilà tout ce qu'on peut en dire, mais je pense que l'anecdote est amusante.

1 commentaire:

  1. Pourtant le pluriel s'impose quand on est deux, non ?!

    Celle qui ne mérite pas les insultes des visiteurs.

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